Des rideaux de pluies tombent dans la cour cet après-midi. La morosité me gagne. Il me semble que c’est le temps idéal pour vous raconter ma visite à Oradour-sur-Glane. Jusqu’à ce jour-là Oradour sur Glane n’était qu’un panneau sur la route des vacances, désormais il sera synonyme de tragédie. Ce que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui c’est ma tristesse bien évidemment, mais aussi beaucoup d’espoir.
Un peu d’Histoire tout d’abord
Oradour-sur-Glane est un village en France connu pour le massacre brutal qui y a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est l’un des rares sites ainsi préservés devenant alors un lieu de mémoire important. Dès le mois de novembre 1944, le gouvernement français en a fait le symbole des atrocités commises pendant l'occupation allemande.
Le 10 juin 1944, les troupes allemandes ont encerclé le village, séparé les hommes des femmes et des enfants, puis ont fusillé puis brûlé les hommes dans des fermes tandis que les femmes et les enfants ont été asphyxiés dans l'église, qui a ensuite été incendiée.
Ce sont les dépositions des rares survivants, complétées plus tard par des auditions des accusés qui ont permis au Centre de La Mémoire de restituer le déroulement du massacre présenté sous la forme d’un court film visionné avant la visite des ruines.
Pourquoi visiter Oradour-sur-Glane ?
Si vous avez des ados chez vous, c’est le bon moment ! A cette délicieuse période, qui transforme nos chers petits bambins souriants en revendicateurs perpétuels, victimes d’injustice et d’une incompréhension permanente, cette visite peut permettre de mettre (un peu) leur quotidien (une partie en tout cas) en perspective (mais peut-être pas pour très longtemps).
Plus sérieusement, en apprenant que certains soldats qui ont commis ces actes étaient eux-mêmes très jeunes, cela peut amener à réfléchir sur la manière dont les idées et les croyances peuvent influencer les actions des individus.
Des vies détruites dans les deux camps ?
C’est leur âge qui m’a le plus étonnée : entre 14 et 18 ans. L’armée n’ayant plus assez de soldats a recruté des gamins. Des ados. Comment ont-ils vécu cette attaque ? Comment poursuivre sa vie ensuite avec ces actes sur la conscience ? Dans ce combat, pas de vainqueur. Des vies détruites de chaque côté.
Cette réalité soulève des questions profondes sur la nature de l'humanité et la façon dont les idées et les circonstances peuvent influencer nos actions. Comme dans les paroles de Jean-Jacques Goldman « Et si j'étais né en 17 à Leidentstadt sur les ruines d'un champ de bataille, aurais-je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été allemand ? » Je peux me raconter des histoires mais seule la confrontation au réel me montrera mon moi profond. Qui suis-je au fond ?
Et après vient l’espoir
Se souvenir. Se souvenir bien sûr. Se souvenir de telles tragédies est un devoir pour ne pas oublier les souffrances infligées aux victimes. Nous devons nous rappeler de la peur dans les yeux des enfants, de la douleur des balles qui ont traversé les victimes et de l'odeur des corps carbonisés. Cette mémoire est essentielle pour prévenir de tels événements à l'avenir.
Mais si les folles idées d’un homme peuvent détruire injustement tant de vies, pourquoi nos désirs de progrès et de justice ne déplaceraient-elle pas des montagnes ? C’est dans notre quotidien et à petite échelle déjà qu’il faut poser les premières pierres pour construire le monde dont nous rêvons.
Cette visite est une façon de se souvenir de cette tragédie et de réfléchir aux conséquences des actions humaines. Se rappeler les horreurs du passé, honorer la mémoire des victimes et SURTOUT réfléchir aux leçons à tirer pour construire un avenir plus juste et pacifique ensemble.
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